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Alternative Unitaire à Alençon
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15 décembre 2006

Lettre d'Henri Boyer, Marseille

COLERE, COLERE, COLERE
    Colère contre les irresponsables. Le référendum sur le traité constitutionnel européen (TCE) a été un moment politique véritablement très fort, peut-être même le plus fort depuis plusieurs décennies.
Pour la ° fois, l’Europe politique était mise en avant. Il ne nous était pas demandé de prendre position pour ou contre une simple « réformette », mais pour ou contre un projet global de société européenne.
Cela nous était demandé par référendum, dans le cadre d’une démocratie directe, et non pas en passant par la démocratie représentative, parlementaire.
Un véritable débat national, lors de la campagne électorale, a eu lieu ; et nous avons même vu de nombreux citoyens se réapproprier un certain espace politique au travers de ce débat.
Le scrutin a montré, entre autres choses, un taux d’abstention en diminution ; pas de doute, les citoyens se sont bien appropriés ce débat et ont commencé à retrouver goût à la politique.
Et puis, les résultats : invalidant les sondages et ce que Pierre BOURDIEU désignait par « la machine à fabriquer l’opinion ». Invalidant la prise de position majoritaire des parlementaires et des « grands » partis de gouvernement. Invalidant la majorité des médias qui avaient choisi le « camp du oui ». Montrant au grand jour le fossé, le gouffre abyssal qui sépare bon nombre de partis politiques et de politiciens vis à vis du peuple (non ce n’est pas un gros mot) ; à ce niveau là ce n’est plus une faille mais une plaie béante dans la démocratie.
Et puis, au-delà de la victoire du non et plus particulièrement du non de gauche (la campagne menée par certains n’a pas réussi, comme cela était souhaité, à amalgamer ce non de gauche avec le non souverainiste d’extrême droite), la création des collectifs unitaires de ce non de gauche. Création avec, dès le départ, une volonté affichée d’entrer dans la danse des futures élections présidentielles et législatives.
Enfin, une fenêtre s’ouvrait sur une vraie candidature de gauche qui se situerait entre une fade social démocratie de centre gauche et un extrême gauchisme par trop radical. Ces collectifs créaient un nouvel espace politique, chose qui n’était pas arrivée depuis des lustres et dans laquelle pouvaient se reconnaître un nombre important de citoyens. Qui plus est, une réelle candidature unitaire, au premier tour et en termes de pourcentage électoral, pouvait faire jeu égal avec Le Pen et Bayrou (qui se présentent tous les deux comme le « troisième homme ») et même être devant avec un score possible autour de 15%.
L’espoir était né, il ne demandait plus qu’à être traduit politiquement et concrètement ; en effet, que vaut la plus belle idée du monde sans une praxis ? Les tenants du non de gauche étaient en passe de créer une réelle alternative, au-delà des traditionnelles guerres de partis, tout en intégrant ces derniers dans le dispositif. D’autre part, après la surdité et l’autisme affichés par les tenants du oui, après le référendum (un peu comme s’il ne s’était rien passé), la poursuite du mouvement par les tenants du non de gauche permettait d’éviter l’endormissement et un retour à la léthargie habituelle des élites politiques. Nous allions continuer à faire entendre une autre voix pour une autre voie possible. Et puis, et surtout, une réelle « performance » électorale était possible, tant à la présidentielle qu’aux législatives.
Et puis non, ils ont tout cassé. Les appareils politiques et les enflures d’egos ont repris leurs droits. N’entrons pas dans les détails que nous connaissons tous, le résultat est là, calamiteux. D’aucuns ont très tôt quitté le rassemblement aux motifs d’arguties absconses. D’autres ont tenté de récupérer le rassemblement à leurs propres comptes. D’autres ont tenu des positionnements hégémoniques. D’autres ont voulu passer en force, niant toute dimension démocratique. D’autres ont inventé la notion de « consensus », en lieu et place de la notion toute simple de vote démocratique. Et pourquoi pas l’unanimité pendant qu’on y est, si l’on veut faire capoter un processus démocratique il n’y a pas de meilleur moyen (nous pouvons « apprécier » les vertus de l’unanimisme qui confère à l’immobilisme dans des institutions comme l’ONU ou l’Europe). Consensus, unanimité, tout le monde d’accord à 100% sur tout, quelle horreur et quelle négation de la complexité humaine. Maintenant, d’autres inventent la notion de triple candidature à la présidentielle … encore un effort et le rassemblement finira par ressembler aux Verts, on voit où cela mène : la marginalisation. La politique, c’est aussi et surtout faire des choix, prendre, démocratiquement, des décisions. Le consensus et l’unanimisme renvoie à l’histoire de Panurge et l’on sait ce qu’il est advenu des moutons …
Comment tous ces responsables, qui ne sont finalement que des irresponsables, peuvent prétendre gouverner un pays alors qu’ils n’arrivent même pas à se débrouiller avec un rassemblement unitaire. Finalement, peut-être vaut-il mieux que ces mêmes responsables/irresponsables ne soient pas « aux affaires », au regard de ce qu’ils nous donnent à voir en ce moment.
En fait, mesdames et messieurs, vous n’êtes tout simplement pas à la hauteur de l’enjeu, vous manquez de souffle, vous êtes pâles et petits. Vous convoquez Thanatos alors qu’il faudrait se tourner vers Eros. Vous êtes comme des gosses dans une cour de récréation se chapardant, les uns les autres, vos insipides goûters. Vous confondez l’intérêt général avec vos intérêts particuliers ; oserais-je vous dire que, à ce titre là, vous n’êtes plus républicains. Dans un échange de courriel, Michel ONFRAY me disait : « … il ne nous reste plus que la rue … » Mesdames et messieurs, ne vous appelez plus « collectifs unitaires », désormais vous n’en avez plus le droit. Et puis, interrogez vous sur la dimension éthique de tout cela. Ethique au sens d’Emmanuel LEVINAS, en tant que responsabilité face à l’autre et pour l’autre. Eh oui, mesdames et messieurs, vous avez oublié que vous aviez aussi et surtout des devoirs face aux millions de gens qui ont exprimés ce non de gauche. Des devoirs car vous portiez leurs aspirations et leur espérance quant à la possibilité d’un autre monde. Vous êtes, éthiquement, coupables de n’avoir pas su mettre vos partis et vos egos  au deuxième plan, afin de privilégier la seule chose qui vaille, à savoir la possibilité d’un changement global de paradigme sociétal.
Jacques BREL pourrait chanter :
« Demandez vous belle jeunesse
Le temps de l’ombre d’un souvenir
Le temps du souffle d’un soupir
Pourquoi ont-ils tué … l’espoir ?
Pourquoi ont-ils tué … l’espoir ? »

HB

Henri Boyer est non-encarté politiquement (il a quitté les verts/ au  TCE) et syndicaliste CGT. Il ne fait pas actuellement parti d'un collectif car pour l'instant on le désespère.

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