Les antilibéraux bloquent la candidature Buffet
Ouest-France du lundi 11 décembre 2006
Les collectifs antilibéraux n'ont
toujours pas de candidat à la présidentielle. Au terme d'un week-end
passé ensemble à L'Ile-Saint-Denis, près de Paris, leurs délégués se
sont séparés hier midi sans avoir réussi à s'entendre sur un nom. Un
échec pour la communiste Marie-George Buffet qui n'avait pas mesuré
l'ampleur du rejet suscité par sa candidature.
Bien qu'il se
défende d'être en crise, le rassemblement de la gauche antilibérale,
déjà originellement privé de Lutte ouvrière d'Arlette Laguiller et de
la LCR d'Olivier Besancenot, et qui a perdu en route José Bové, va
avoir du mal à rester uni. Tout le week-end, en effet, la tension a été
perceptible entre le Parti communiste français (PCF) et les autres
tendances du rassemblement où l'on trouve des dissidents du PS, des
Verts et de la LCR, des petits mouvements d'extrême gauche comme Les
Alternatifs ou le MARS, des syndicalistes, et des altermondialistes
souvent proches d'ATTAC.
Longtemps, la secrétaire nationale du
PCF a cru pouvoir s'imposer. Elle s'appuyait sur le vote indicatif
organisé au sein des collectifs locaux, qui lui a donné 54,8 % des
voix, contre seulement 22,9 % à Clémentine Autain, adjointe au maire de
Paris (apparentée communiste) et 19,5 % à Yves Salesse, président de la
fondation Copernic et ancien conseiller de l'ancien ministre communiste
Jean-Claude Gayssot. Mais c'était oublier qu'il lui fallait aussi
obtenir un vote favorable des mouvements en tant que tels. Un « double consensus » qui rend tout accord extrêmement difficile. Et d'autant plus que le mécanisme qui aboutit au résultat est très compliqué. « Ça fait trois fois qu'on me l'explique, et je n'ai toujours pas compris », se désole un adhérent.
Le
collectif national a décidé de se réunir demain pour tenter de sortir
de l'impasse. Certains proposent de revenir vers les collectifs locaux
et d'organiser un nouveau vote. Mais si le premier a été régulier, on
ne voit pas pourquoi le second donnerait un résultat différent.
Clémentine
Autain, bien que largement distancée par Marie-George Buffet, persiste
à croire que sa candidature susciterait moins de rejet. Et qu'elle
donnerait, en raison de sa jeunesse - elle n'a que 33 ans - une image « plus moderne » du rassemblement. Mais Marie-George Buffet ne l'entend pas de cette oreille. « Tout le monde a compris depuis longtemps que, si on ne la désigne pas, elle se présentera seule au nom du Parti communiste », assure une militante Verte.
Le risque d'un éclatement du collectif de la gauche antilibérale n'a jamais été aussi grand.
Roland GODEFROY.