Libé ce matin
Antilibéraux : la LCR toujours un pied dehors
Meeting de Besancenot hier à Paris, alors que Mélenchon fait des offres de service à la gauche de la gauche.
Par Matthieu ECOIFFIER
QUOTIDIEN : vendredi 1 décembre 2006
Comme si de rien n'était. Alors que le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon propose ses services à une gauche antilibérale en surchauffe sur la question des candidatures se déclarant «à l'intersection des plaques tectoniques de la gauche» dans l'hebdomadaire Politis Olivier Besancenot poursuit sa campagne en solo.
«Désaccord». Toujours un pied dedans et un pied en dehors de la dynamique unitaire, le candidat à la présidentielle de LCR tenait hier soir son premier grand meeting parisien à la Mutualité. «On peut battre Sarko avec une autre gauche que Ségolène Royal», a-t-il expliqué devant une salle remplie par un public jeune. La dynamique ? Besancenot se montre sceptique : «S'empailler sur le casting, c'est sans nous. Mais on reste disponible pour discuter sur le contenu. Or le PC est clair sur son désaccord avec nous : Buffet répète que toute la gauche peut se rassembler dans un même gouvernement avec Ségolène !».
Comme dans les collectifs unitaires, la question de la non-participation à un gouvernement avec le PS fait consensus, la position de la LCR «n'est pas bien comprise», reconnaît Alain Krivine. L'irruption de Mélenchon renforce la Ligue dans ses craintes d'un recentrage de l'opposition : «Mélenchon se présente comme le seul à pouvoir faire le trait d'union entre la gauche radicale et la gauche réformiste, pour l'amener dans les bras de Ségolène au deuxième tour», ironise Krivine. Clémentine Autain, adjointe (apparentée PCF) à la mairie de Paris et candidate à la candidature antilibérale applaudit : «Que tous les socialistes qui ne se reconnaissent pas dans l'orientation actuelle du PS viennent grossir les rangs antilibéraux est une très bonne nouvelle. Mélenchon est plus proche de nous que de Ségolène.» Au collectif national, certains voient l'entrée en jeu du sénateur socialiste comme un élément perturbateur. «Il se dit que Mélenchon reviendrait dans la dynamique et soutiendrait Bové !», dit un de leurs membres.
«Forcing». L'appel du collectif des Bouches-du-Rhône pour que le PCF retire Marie-George Buffet et que la LCR et Bové reviennent dans le jeu a été signé par plus de 3 000 personnes. Les délégués des 700 collectifs locaux trancheront sur les candidatures les 9 et 10 décembre. «Dommage que Besancenot et la direction de la LCR fassent le forcing pour clore la parenthèse de la coalition unitaire», regrette Christian Picquet, minoritaire à la LCR. Si le 10 décembre, Buffet n'est pas désignée la Ligue pourrait revenir dans la dynamique unitaire», ajoute un trotskiste unitaire. D'autant que Besancenot n'a recueilli que 331 signatures sur 500.